France

Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France en ligne

Introduction

La version en ligne du Mémorial de la Déportation des Juifs de France consiste en un site internet bilingue (français/anglais) d’accès libre, doté d’un moteur de recherche interactif. Ce site permet des recherches croisées sur tous les champs. Construit sur la base du dernier Mémorial publié par Serge Klarsfeld en 2012, et mis à jour périodiquement, il apporte de nouveaux compléments, corrections et références vers d'autres ressources en ligne. Cliquez ici pour entamer une recherche.

Mémorial de 1978

Dans la première édition du Mémorial de la Déportation des Juifs de France (1978), Serge Klarsfeld établit la liste des 76 000 Juifs, hommes, femmes et enfants, déportés de France, exécutés ou morts dans les camps d'internement de la France sous l'occupation nazie et le régime de Vichy. L’historique de chaque convoi y précède la liste nominale des déportés qui le composent. Vladimir Jankélévitch a accueilli cette publication en ces termes :

« Le Mémorial de Serge Klarsfeld, perpétuant le souvenir de 75 000 déportés juifs de France, s’impose d’abord par l’énormité du travail qu’il représente et par la rigueur impitoyable, méthodique, minutieuse qui a présidé à son élaboration. (…) On ne saurait concevoir une machinerie plus atroce et plus diabolique dans un ouvrage plus sobre. (…) Le Mémorial de Serge Klarsfeld fait sortir de la nuit et de la nuée en les appelant par leur nom, les innombrables fantômes anonymes annihilés par leurs bourreaux. Nommer ces ombres pâles, c’est déjà les convoquer à la lumière du jour… » (Le Nouvel Observateur, 22 mai 1978)

Mémorial de 2012

Après plus de 40 années de recherches et une série de versions intermédiaires, Serge Klarsfeld publie la troisième édition du Mémorial (2012) en souvenir des 76 000 déportés, des 3 000 morts dans les camps en France et du millier de Juifs exécutés. De nombreuses corrections ont été effectués depuis la version initiale de 1978. Cette version alphabétique fournit des informations complémentaires pour chaque victime, avec notamment le nom de jeune fille, la dernière adresse en France et le camp de transit ou d’internement.

Vous trouverez ici l’introduction originale de Serge Klarsfeld à ce Mémorial.

Mémorial en ligne

Les principaux objectifs du Mémorial en ligne sont les suivants :

La base de données du Mémorial en ligne est construite à partir de l'édition 2012 du Mémorial, augmentée de correctifs apportés par Serge Klarsfeld depuis 2012. C'est de là que j'ai commencé. Ce Mémorial ne contient pas les noms des personnes qui furent libérées ou qui s'échappèrent des camps d'internement en France.

J’ai d’abord procédé à une revue systématique des données. L'utilisation massive de techniques informatiques a permis de détecter et corriger un petit nombre d'erreurs ou d'imprécisions et de standardiser les résultats. Par exemple, en additionnant l’année de naissance à l’âge des personnes au moment de leur déportation, on doit normalement obtenir une valeur située entre 1941 et 1945. Dans le cas contraire, il y a une contradiction qu'il faut résoudre. J’ai aussi corrigé les erreurs mineures qui s’étaient glissées dans les adresses en France, les noms de rues, les départements, les dates de naissance, etc. J'ai actualisé les noms des rues (quand c'était possible), les noms des communes de France et les départements.

Ensuite, je me suis appliqué à essayer de préciser le lieu de naissance des victimes. Les versions du Mémorial de 1978 et 2012 fournissent en général les date et lieu de naissance de chaque personne, mais sans précision autre. Un des objectifs de cette version est d'identifier ces lieux de naissance, en donnant le nom actuel de chaque localité, ainsi que le pays et le département (en France) ou la région administrative (hors de France) où elle est située actuellement.

Cette tâche est délicate pour les raisons suivantes :

Dans de nombreux cas, une enquête a été menée afin de déterminer précisément le lieu de naissance. Cette investigation, basée sur une série d'indicateurs (géographiques, linguistiques, administratifs et informatiques) et corrélée à des sources complémentaires (mémorielles, onomastiques et généalogiques), a débouché sur l’identification des lieux de naissance et à l'ajout à la base de données originale de références vers ces autres sources de données.

Nous avons ajouté des [hyper]liens vers les listes [établies par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) et publiées en ligne par le Journal officiel de la République française] des personnes pour lesquelles a été attribuée la mention « mort en déportation » à titre posthume. Ces listes apportent des informations complémentaires mais souvent contradictoires avec les données du Mémorial : différentes orthographes des noms et prénoms, multiples prénoms, date, lieu et pays de naissance, nom de jeune fille… Ces listes introduisent malheureusement de très nombreuses erreurs : en particulier, l’orthographe des noms étrangers et des lieux de naissance à l’étranger y est souvent déformée. C’est pourquoi il a fallu soit « réinterpréter » ces données, soit les ignorer. Je laisse au lecteur le soin de les examiner.

La base de données a également été enrichie par des liens vers d’autres sources en ligne, tels le Mémorial des victimes des persécutions contre les Juifs par le régime nazi en Allemagne (Gedenkbuch), le Centre de documentation de la résistance en Autriche (Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes), le site internet du Mémorial de la Shoah à Paris, les pages de témoignages à Yad VaShem ou les sites de généalogie juive. Tous les sites référencés sont d'accès libre, mais certains d'entre eux exigent une procédure d'identification (pré-enregistrement, connexion) ou de sécurité (cookies). Les données fournies par ces différents sites divergent parfois avec celles de ce Mémorial et/ou peuvent se révéler inexactes. Chaque site est responsable de ses propres informations.

Pour identifier de façon indubitable les lieux de naissance incertains de personnes nées en France (principalement en Alsace/Lorraine), nous avons consulté les Archives départementales en ligne pour retrouver la trace de leur naissance dans l’état-civil et les tables décennales. Dans ces cas, un lien vers les sites internet des Archives départementales est présent. Nous indiquons en note les numéros de l'acte et de l'image dans le registre digital afin de pouvoir s'y rendre directement dans les cas où le lien vous amène seulement à la première page du registre.

La comparaison critique de ces différentes données a permis d’identifier précisément de nombreux lieux de naissance des déportés, restés jusque-là indéchiffrables. 93% des déportés ont maintenant une estimation précise de leur lieu de naissance. Cependant, 3 900 localités ne sont toujours pas reconnues. Dans quelques centaines de cas, cette étude a également permis de proposer des corrections d’erreurs et des compléments sur les noms, prénoms et noms de jeune fille des personnes citées dans le Mémorial.

En redonnant à chacun le nom de la ville ou du village de sa naissance, cet outil contribue, nous l'espérons, à enrichir et préciser un peu plus l'identité des victimes et leur parcours. Pour les généalogistes, c’est la clef de toute recherche des ancêtres en amont et des autres branches de la famille.

Cette étude pose un nouvel éclairage sur la distribution des déportés en fonction de leur lieu de naissance. Elle montre l'extrême diversité de cette population, née dans quelque 6 400 villes et villages répartis sur 74 pays (selon les frontières de 2014, avant l'invasion de la Crimée par la Russie), essentiellement des communautés juives aujourd'hui disparues, situées en Europe et sur le pourtour de la Méditerranée. Voir ici la distribution par pays et par province.

Cependant, nous n’avons pas systématiquement corrigé les noms et prénoms lorsque les différences sont mineures et qu’elles n’affectent pas la recherche phonétique ou lors de traduction vers le français : par exemple, une entrée pour une personne nommée Maurice Loeb dans le Mémorial de 2012 et Moritz Löb dans le Gedenkbuch peut rester inchangée.

Lorsque les informations des diverses sources divergent totalement, nous avons laissé les informations de chaque source. Les dates de naissance dans les différentes sources diffèrent souvent d’un an ou deux, reflétant peut-être les stratégies des Juifs persécutés de se déclarer plus jeune ou plus âgé selon les cas, pour augmenter leurs chances de survie.

La version de 1978 du Mémorial précise la nationalité d’un grand nombre des déportés jusqu’à juin 1943 et indique quels étaient les survivants connus en 1945. Ces données étant exclues de la version de 2012, la nationalité des déportés n'est indiquée que très partiellement. L'appartenance à une nationalité indiquée ici n'est pas une donnée neutre, constante et sans équivoque : pour exemple, pour les Nazis, les réfugiés et expulsés Juifs d'Allemagne et d'Autriche sont sans patrie ; les réfugiés venus d'Union soviétique ont presque tous perdu leur nationalité; le régime de Vichy a annulé les naturalisations françaises effectuées après 1927 et la citoyenneté française des Juifs d'Algérie. Sans compter les cas rares de double nationalité. Il faut donc prendre cette information avec précaution.

Quant au statut de survivant, il est fondé sur les dernières recherches d'Alexandre Doulut, Serge Klarsfeld et Sandrine Labeau publiées en 2018 (voir bibliographie ci-dessous).

Selon les pratiques utilisées en généalogie, cet outil utilise les noms actuels de chaque localité, tels qu’ils sont employés localement, avec y compris leurs accents, cédilles et autres signes diacritiques (par exemple Łódź, Ivano-Frankivsk, Chișinău, București). Nous avons cependant indiqué les anciens noms de ces localités quand ils figuraient sur les sources (par exemple, Stanisławów pour Ivano-Frankivsk en Ukraine, Kishinev pour Chișinău en Moldavie). Pour les alphabets non latins (grec, arabe, russe, biélorusse, bulgare, serbe, macédonien, hébreu), nous utilisons la translittération de ces lieux vers l'alphabet latin telle qu'on la trouve sur les versions en anglais de Google Maps ou Wikipedia (par exemple Thessaloníki pour Θεσσαλονίκη / Salonique). Les noms des provinces et subdivisions administratives de chaque pays sont généralement en langue locale avec leurs accents et signes diacritiques : par exemple, le Land de Rhénanie-Palatinat (Allemagne) est noté Rheinland-Pfalz, les départements français sont notés avec les accents français (par exemple Ariège et non Ariege), la voïvodie de Sainte-Croix (Pologne) est notée Świętokrzyskie.

Malgré toute l’attention portée à cette étude, certains choix pourront se révéler incorrects, certaines erreurs s'être glissées. J’en assume la seule et entière responsabilité. Contactez-moi ici pour tout complément ou correction.

Outils géographiques

Outils linguistiques et onomastiques (en anglais)

Ressources et sites mémoriels

L'ensemble des publications de Beate et et Serge Klarsfeld (livres, brochures, historiques, bulletins de liaison des Fils et Filles des Déportés Juifs de France...) est maintenant accessible en ligne ici.

Etat-civil et généalogie

Publications

Remerciements

Tout d'abord, je suis extrêmement reconnaissant envers Serge et Beate Klarsfeld pour leur confiance immédiate dans ce projet. Dès l'exposé de mes objectifs, ils m'ont encouragé, puis transmis les données du Mémorial de 2012 sous forme digitale et autorisé leur publication sur Internet. J'espère ne pas avoir déformé leur oeuvre dans cette version.

Je remercie Steve Morse pour son aide logistique autour de l'outil One-Step, et pour accepter d'abriter ce moteur de recherche sur son site internet. Sans son outil, je n'aurais probablement pas entamé ce projet.

Qu'il me soit permis de remercier le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, et plus particulièrement le Dr. Alexander Avram, directeur du Hall des Noms, pour m'autoriser à utiliser leur API pour créer un interface direct vers les Feuilles de témoignages de la base de données centrale des noms des victimes de la Shoah.

Un grand merci aux éditions VUBPRESS Brussels University Press et au Musée Juif de la Déportation et de la Résistance de Malines (Kazerne Dossin) pour m'autoriser à publier les notices historiques des convois de la déportation des Juifs de Belgique qui ont emporté à Auschwitz les Juifs français arrêtés dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais.

J'ai soumis quelques questions et hypothèses de travail à Alexander Beider qui y a gracieusement répondu avec sa vaste érudition en linguistique et onomastique.

Je remercie Eve Line Blum-Cherchevsky (z"l), Chantal Dossin et Georges Mayer qui m'ont aidé à résoudre des questions sur les déportés des convois nos 73, 76 et 77 respectivement. Eve Line, qui a beaucoup oeuvré pour l'aposition de la mention Mort en déportation, m'a éclairé sur ce qu'on pouvait attendre des informations publiées au Journal Officiel. Merci à Nicolas Coiffait pour l'accès aux documents des archives de l'Hôpital Rothschild qu'il a indexés.

Les archives fédérales allemandes (BundesArchiv à Berlin) ont bien voulu partager leurs informations relatives aux déportés d'origine allemande se trouvant sur le sol français pendant la guerre.

Jackie Schwarz a fait appel à toutes ses compétences pour compléter le profil des Juifs venus d'Anvers ou de Belgique.

Muriel Némirovski m'assiste dans de nombreuses situations, notamment en ce qui concerne les déportés venant du Gard et du Vaucluse; de plus, elle m'a assisté pour tester la cohérence des données de ce Mémorial et en détecter les problèmes. Son dévouement contribue singulièrement à la fiabilité du site.

Nathalie Louvet, généalogiste chevronnée, partage ses trouvailles dans les Archives de Paris, le Fonds de Moscou ou ailleurs, ce qui a permis de compléter ou de rétablir les faits et les noms déformés trop souvent.

Yves Moreau, historien et créateur du site Les déportés juifs de la Sarthe, m'informe de ses remarques sur les déportés de l'ouest de la France.

Mes amis Jacqueline Weisz, membre des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, et Philippe Boukara, historien au Mémorial de la Shoah à Paris, m'ont chacun assisté de leur conseils utiles et leur revue critique de la première version de cet outil.

Depuis 2018, de nombreux autres utilisateurs, correspondants ou parents de déportés m'ont signalé des inexactitudes et fourni de précieux compléments. Qu'ils en soient ici tous remerciés ! Je répète, si certaines erreurs se sont glissées, j'en assume l'entière responsabilité.

Merci enfin à mon épouse, Isabelle, pour son soutien, ses remarques perspicaces et sa patience sans fin.


Jean-Pierre Stroweis
Jérusalem, Israël